La réalité, une question de perception?
Qu’est ce qui est réel? Ce que nous pouvons voir, ressentir? Alors pourquoi devant un même événement, deux personnes peuvent réagir différemment? La réalité à laquelle ces deux personnes sont confrontées est pourtant bien la même. C’est là qu’entre en jeu nos perceptions: ce filtre teinté d’une couleur unique à soi, qui nous fait observer la réalité selon un éclairage bien personnel. Dans cet article, j’aimerais vous parler de ce filtre teinté, et comment nous pouvons, avec un peu d’imagination, modifier sa teinte. Peut-être en créer une nouvelle, une qui nous convient mieux, qui nous sert davantage.
Un peu de philosophie sur la réalité
La notion de réalité en philosophie est complexe et a fait l’objet de nombreuses réflexions au fil du temps.
La réalité désigne généralement l’ensemble des phénomènes considérés comme existant effectivement, par opposition à ce qui est imaginaire ou fictif. En philosophie, on peut distinguer plusieurs approches:
- Le réalisme considère que la réalité est figée, et indépendante de notre perception
- L’idéalisme conçoit la réalité comme étant fondamentalement mentale ou dépendante uniquement de l’esprit
- Enfin, le constructivisme se place comme une vision “d’entre deux”, où on ne nie pas nécessairement l’existence d’une réalité indépendante, mais se concentre sur notre construction mentale de cette réalité.
Malgré l’existence de ces différentes approches, la philosophie contemporaine continue d’interroger la nature de la réalité, notamment face aux avancées technologiques :
- David Chalmers propose que “les mondes virtuels sont réels” et que “les objets virtuels existent réellement”
- La question de la réalité soulève des enjeux éthiques et existentiels, au-delà des considérations purement ontologiques ou épistémologiques
En définitive, la notion de réalité en philosophie reste ouverte et sujette à débat. Elle invite à réfléchir sur la nature de notre expérience du monde et les limites de notre connaissance.
Et la science, qu’en dit-elle de la réalité?
La science, quant à elle, a une approche complexe et nuancée de la réalité, qui a évolué au fil du temps. Voici les principaux points à retenir sur la conception scientifique de la réalité:
Observation et expérimentation
La science se base sur l’observation méthodique et l’expérimentation pour appréhender la réalité. Elle cherche à construire des faits et à les rassembler pour décrire l’environnement qui nous entoure. Cependant, cette approche soulève des questions sur la nature même de ce qui est observé.
Construction vs découverte
Un débat important en philosophie des sciences porte sur la question de savoir si la science découvre une réalité préexistante ou si elle construit sa propre version de la réalité. Là où certains considèrent que la science révèle progressivement la véritable nature du monde, d’autres, quant à eux, estiment que les théories et modèles scientifiques sont des constructions qui dépendent de nos méthodes et instruments.
Limites de la connaissance
La physique moderne, notamment la mécanique quantique, a mis en évidence les limites fondamentales de notre capacité à connaître la réalité. Bernard d’Espagnat parle de “réel caché” ou “réel voilé” pour désigner une réalité qui existerait indépendamment de nous mais dont nous n’aurions qu’une connaissance partielle.
Réalité scientifique
Plutôt que de prétendre accéder directement à la réalité ultime, la science contemporaine propose une approche plus modeste. Gilles Gaston Granger suggère que la “réalité scientifique” pourrait être considérée comme un mode d’accès particulier à certains types d’objets, qui seraient néanmoins bien réels.
Évolution des conceptions
Il est important de noter que la conception scientifique de la réalité n’est pas figée. Elle évolue avec les avancées théoriques et expérimentales, remettant parfois en question des notions qui semblaient acquises.
En conclusion, la science contemporaine adopte généralement une position nuancée sur la réalité. Elle reconnaît les limites de notre connaissance tout en cherchant à élaborer des modèles toujours plus précis et prédictifs des phénomènes observables.
Réalité et perceptions, qu’en est-il finalement?
Comme vous avez pu le lire dans les lignes ci-dessus, ni la philosophie ni la science ne prétend répondre à cette interrogation. Pas au moment où j’écris ces lignes, en tout cas.
Alors j’aimerais vous proposer un autre éclairage de la réalité, proposé par le psychologue américain Dr. Albert Ellis, qui a créé la thérapie comportementale émotivo-rationnelle. Il se place comme le deuxième psychothérapeute le plus influent de l’histoire, juste derrière Carl Rogers et avant Freud.
Sa théorie sur la réalité se résume à ces lettres: OIERC (restez avec moi!). Je vous explique comment cela se déroule, étape par étape:
- O – désigne l’occasion, le fait, la réalité observable qui peut être prise en photo. Par exemple: je peux prendre en photo une personne promenant son chien.
- I – désigne l’idée, la pensée. Dans mon exemple de la personne promenant son chien, je pourrais me dire: “Oh, que ce chien est mignon!” tandis que mon amie avec moi pourrait se dire “Cette race de chien est dangereuse il me semble…”
- E – désigne l’émotion. Après ma pensée “Oh, que ce chien est mignon!”, vient une émotion qui serait probablement de l’attendrissement. Mon amie quant à elle, après sa pensée “Cette race de chien est dangereuse il me semble…” aurait une émotion différente, peut-être de la peur ou de la méfiance…
- R – désigne la réaction. Toujours avec mon exemple, ma réaction serait certainement d’aller demander au maître si je peux caresser son chien. Mon amie, par contre, aurait sûrement comme réaction de changer de trottoir, et s’éloigner du chien.
- C – est la conséquence. Chacune de nos réactions à une conséquence. Ma réaction pourrait peut-être amuser le maître du chien, ou peut-être le frustrer, car il est en retard pour rentrer chez lui. Celle de mon amie pourrait elle aussi avoir différentes conséquences, pour elle (rythme cardiaque qui s’accélère, muscles raides) ou pour les autres (je pourrais par exemple me frustrer). Finalement, cette conséquence devient une nouvelle Occasion, et le cycle recommence.
L’objet de sa découverte permet des applications très concrètes en thérapie. Si la réalité est ce que je peux prendre en photo: un maître qui promène son chien. Alors, quelles pensées/idées et quelles émotions sont légitimes? Aucune, en fait. Les exemples de pensées émotions, et réactions déroulées ci-dessus ne sont ni légitimes, ni appropriées ou non appropriées. Elles sont personnelles à soi.
Alors bien sûr, quand notre perception (idée/pensée) nous met des lunettes roses sur le nez, et fait voir la réalité de façon positive, c’est super! Par contre, quand celle-ci nous fait porter des lunettes noires, et voir cette même réalité de façon négative, cela peut devenir problématique.
La chose à retenir selon Dr. Albert Ellis est la suivante: la réalité est neutre et ne provoque d’émotions à personne. Ce sont vos propres interprétations de cette réalité qui créent nos émotions. Et je vous vois venir… avec vos exemples ou ‘nous serons tous d’accord que c’est triste’ comme la mort. Permettez-moi de vous contredire. Certaines cultures perçoivent la mort comme un événement heureux, comme le début de quelque chose de mieux.
Finalement, peu importe ce qu’est réellement la réalité, nous pouvons toujours travailler la percevoir différemment. Alors si vous vous reconnaissez dans ces lunettes noires, sachez qu’il est possible d’en changer la teinte. N’hésitez pas à me contacter, et nous pourrons faire ensemble un exercice de coaching développé selon la méthode décrite ci-dessus!